An 42 du Renouveau  *Ce FAMEUX 06 novembre… Entre ESPOIRS et REGRETS*

Ce jour-là ! Comme un air nouveau, le destin du Cameroun vient de basculer. Ce 06 novembre 1982, les camerounais découvrent le jeune Paul, beau et élégant, qui prête serment. La main droite levée, il jure de servir le peuple, de donner une nouvelle dynamique à la marche du pays. Bienvenue dans le RENOUVEAU national ! Le renouveau pour le libéralisme communautaire, le renouveau dans la rigueur et la moralisation, dans le respect des valeurs démocratiques, le renouveau pour le bien-être, l’épanouissement des populations et le développement du pays. 

 *Un air nouveau…* 

Le nouveau Président de la République est donc l’espoir de tout un peuple, un peuple qui veut tourner les pages sombres de la guerre d’indépendance et de la dictature du régime Ahidjo. Ainsi, le vent de démocratie qui souffle à travers le monde dans les années 90 va secouer le Cameroun, on va passer au multipartisme, puis à la liberté d’association et d’expression. Sous le renouveau donc, de nombreux partis politiques et associations vont voir le jour, tout comme il y’aura la création des journaux critiques du système, même la censure a fini par être censuré. Aujourd’hui, on compte des centaines de partis politiques, des centaines de médias audiovisuels et écrits. 

 

 *La paix à tout prix …* 

Paul Biya mendiant de la paix, défenseur farouche de l’unité nationale, promoteur du vivre ensemble, de l’intégration nationale. En 42 ans, beaucoup d’actes ont été posés dans ce sens pour maintenir le bateau Cameroun débout, contre vents et marées. Face aux menaces terroristes à l’Extrême Nord et les velléités sécessionnistes au Noso, le Chef de l’État n’a jamais reculé : “Le Cameroun est un et indivisible”.



 *Équilibre social…* 

 Personne ne nous démentira, Paul Biya a toujours su trouver l’équilibre pour éviter l’explosion sociale. Entre l’équilibre régional dans les nominations et les concours, la création des structures pour lutter contre la vie chère et le chômage, la subvention du carburant pour stabiliser les prix des hydrocarbures, la multiplication des écoles, lycées et universités pour élever le taux d’alphabétisation, la multiplication des hôpitaux de référence dans plusieurs villes du Cameroun pour l’humanisation des soins, la construction de nombreux barrages hydroélectriques, des ports en eau profonde et  des routes, le développement de l’économie numérique ; Paul Biya a presque touché à tout, dans ses actes et ses décisions pour que les camerounais retrouvent la prospérité. Les intentions dans la politique du Renouveau ont toujours été bonnes, mais les actes ont manqué. Quand Paul Biya lui-même fustigeait son gouvernement face à l’inertie et le manque de solidarité, il s’interrogeait : “Qu’est-ce qui nous manque ?”.

 

 *Les plaies du Renouveau…* 

En 42 ans, beaucoup d’eau a coulé sous le pont, au point où même les digues cèdent de manière récurrente dans le septentrion, provoquant des inondations monstres, qui viennent exposer la misère dans laquelle cette partie du pays est trempée. L’Extrême-Nord qui se revendique comme la fille ainée du Renouveau n’a que ses yeux pour pleurer : l’école, l’eau, l’électricité, la route ne sont que des luxes. Dans les dix régions du pays, chacun a transformé la liberté en libertinage, l’impunité règne. La corruption a implanter ses racines depuis la base, personne n’a peur de la Conac, du Consupe, de l’Anif, encore moins de l’épervier. Aujourd’hui, le Cameroun est au tribunal international de la corruption dans l’affaire Glencore. Même le doyen et non moins patron de la police a fini par exprimer sa frustration sur la route dégradée de Mutenguene, il n’a vu que du feu. Un calvaire que vivent les populations de Mimboman à Yaoundé chaque jour, la route de la chapelle Mimboman est un enfer sur terre sous les yeux des responsables du Feicom qui y passent à bord de leur grosse voiture (payé par les frais du contribuable), sans jamais éprouvé une pitié pour des pauvres citoyens coincés dans la boue et la poussière. 

La corruption a grande échelle a plombé tous les projets structurants du Président, ce sont désormais des éléphants blancs. Les barrages de Memvelé, Mekin, Lompagar, Nachtigal, financés à hauteur des milliards de Fcfa peinent à fonctionner, la République est plongée dans l’obscurité à longueur de journée. L’eau qui coule au robinet effraye, les fosses ont remplacé les nids de poules sur nos routes, les villes sont prises en otage par les poubelles, la jeunesse est perdu dans les bars et snacks, en train de se consoler avec l’alcool et la drogue, d’autres exposent leur nudité sur les réseaux sociaux, appelez les ‘influenceurs’. Les écoles manquent d’enseignants, beaucoup ont déserté par manque d’intégration à la fonction publique. 

Le chômage est à la base de toutes les humiliations, les jeunes se cachent derrière les call-box, sur les guidons de moto, ils sont vendeurs ambulants, gardiens de nuits, perdu à l’avenue Kennedy à Yaoundé ou au carrefour Ndokoti à Douala. La jeunesse du Président attend toujours le geste qui sauve, pour être vraiment ce fer de lance de la nation capable de prendre la relève.

 

 *Ces cancers sociaux …*

Au fil des ans, le Cameroun a perdu son charme de pays de paix et de vivre-ensemble. Les combats politiciens et autres actes de manipulation ont livré le pays aux sirènes de la haine et de la division. Le tribalisme, la stigmatisation, le repli identitaire, les discours haineux gagnent en intensité ; nous sommes désormais au pays des “tontinards, sardinards, cabris, moutons, talibans”. Même le football qui unissait les camerounais est devenu un facteur de division, c’est désormais le match entre “Hiboux” et “Eglisiens”. Le discours est devenu violent sur les réseaux sociaux et dans les médias. Des actes de division dont les auteurs pourtant identifiables n’ont jamais été sanctionnés. 

C’est l’impunité partout, c’est le laxisme généralisé. Chacun est Président dans son bureau, les abus sont partout, la torture, les détentions abusives,… Et j’en oublis certainement !

Au pays de Paul Biya et sous le renouveau, ce n’est pas l’enfer, mais surtout pas le paradis. La crise économique mondiale, les contraintes sécuritaires, les grandes pandémies mondiales ont certainement retardé la mise en oeuvre de nombreux projets destinés au développement du Cameroun. Mais le choix des hommes pour la mise en oeuvre des projets, l’individualisme, les conflits de leaderships entre les élites politiques et intellectuelles auront été les principales épines dans la chaussure de Paul Biya. Actuellement engagé dans les grands chantiers de développement, le Cameroun se doit de rectifier le tir pour espérer une émergence dans les prochaines années. 

     *Christian DJEUMOU*